L'epuration en Hainaut Occidental |
La gestion des déchets qu'ils soient ménagers ou industriels pose un problème crucial de par les pollutions engendrées. Si jusque vers 1960, les décharges communales " digéraient " plus ou moins la masse de déchets produits par les habitants, les progrès techniques et la société de consommation de biens allaient faire exploser les volumes obligeant en quelque sorte les pouvoirs publics à gérer les nuisances inhérentes à ce type de produit.
Quelle alternative à l'augmentation de capacité des décharges pouvaient-ils proposer ?
En 1976, l'Intercommunale des régions de Péruwelz, Ath, Leuze, Lessines et Enghien ou IPALLE se forme, opte pour l'incinération et finance la première unité à Thumaide. Elle sera rejointe en 1978 par Iprotour et le Tournaisis et en 1993 par IGE et Mouscron - Comines. Ceci explique sans doute que les 30.000 tonnes traitées en 1980 sont devenues aujourd'hui 100.000 tonnes et qu'il est prévu de remplacer deux fours capables de digérer 2,8 tonnes / heure par deux autres de 16 tonnes / heure afin de traiter des déchets des Intercommunales voisines IDEA et ITRADEC.
De plus, 22 parcs à conteneurs récupèrent 100.000 tonnes de matières recyclables telles que plastiques, végétaux, métaux, papiers, cartons, chiffons, ...
IPALLE, c'est donc le Hainaut Occidental et 23 communes, de Comines à Enghien, de Péruwelz à Ellezelles. C'est 323.000 habitants réunis dans la même Intercommunale de Propreté Publique.
Cette même société de consommation, générée par les " Golden Sixties " allait aussi créer dans son sillage la pollution des eaux, richesse naturelle menacée aujourd'hui.
Si quelques initiatives avaient vu le jour vers les années 80 sous la houlette de la SIDEHO, l'urgence imposait la mise en place d'un dispositif efficace et fiable. Le secteur épuration de l'Intercommunale fut créé en 1990. Sa vocation est de contribuer à l'assainissement des bassins de l'Escaut, de la Dendre, de la Lys par l'épuration des eaux usées urbaines dans les communes du Hainaut Occidental.
Le siège administratif de l'Intercommunale se situe à 7503 Froyennes, Chemin de l'Eau Vive, n°1.
Les stations existantes.
En région wallonne l'épuration des eaux peut se quantifier en Equivalent Habitant E.H. Le regroupement des différentes Intercommunales fournit une capacité totale d'assainissement des agglomérations de plus de 2 000 E.H. de l'ordre de 1 600 000 E.H.
Il s'agit ici uniquement de stations dont le fonctionnement est subsidié par la région. A ce niveau, IPALLE contribue avec ses 6 stations pour un total de 56 000 E.H.
A l'horizon 2000, il devrait atteindre le seuil de 260 000 E H. C'est dire l'effort considérable fourni aujourd'hui par les pouvoirs publics.
Ces stations dont la plus importante se situe à Ath (18 000 E.H.) contribuent à l'assainissement du bassin de la Dendre tout comme Leuze-en-Hainaut (10 800 E H.), Beloeil (4 000 E.H.), Flobecq (2 500 E.H.), Enghien (15 000 E.H.) et du bassin de l'Escaut avec Chercq (6 000 E.H.).
D'autres stations dont la capacité varie entre 180 et 1500 E.H. permettent l'épuration de petites collectivités. Ces petites unités procèdent par aération prolongée. Elles réunissent, dans une même structure les phases d'aération et de décantation et sont conçues en vue d'un fonctionnement autonome, sans personnel permanent. Le procédé utilisé est alors simplifié et se limite pour l'essentiel à un bassin d'aération des boues activées, un clarificateur accolé, une recirculation et un stockage des boues. 13 stations de ce type sont aujourd'hui en exploitation et portent l'assainissement des eaux à 64.000 E.H.
On les retrouve dans des entités rurales comme Maffle, Petit-Enghien, Moustier, Tourpes, Callenelles, Hellebecq, Hoves, Kain, Vaulx, Warchin, Barry, Gaurain, Mont-St.-Aubert.
Les unités plus importantes utilisent le lagunage et les boues activées.
Le lagunage est un procédé fiable mais fragile vu qu'il se rapproche de l'épuration naturelle. Il demande de grandes surfaces indispensables aux échanges avec l'atmosphère et l'eau ainsi qu'un temps de séjour plus long, 30 jours environ dans des conditions climatiques tempérées. Les capacités des implantations en exploitation en Hainaut Occidental varient de 600 à 4 000 E.H., se situent en milieu rural et traitent des eaux résiduelles dont la charge n'est pas trop importante. Elles recréent dans des bassins peu profonds les conditions d'auto-épuration : sédimentation des matières en suspension ; dégradation bactérienne anaérobie des sédiments et aérobie au sein du liquide.
On a opté pour le lagunage aéré. L'apport artificiel en oxygène favorise l'élimination de la matière organique par les bactéries aérobies et les algues. Le temps de séjour y est plus réduit, de l'ordre de 10 jours.
Le procédé faisant appel à la formation naturelle d'un floc bactérien, celui-ci est plus dispersé et ne permet pas une séparation complète des matières en suspension.
Ainsi la concentration de l'effluent traité en matières en suspension peut varier de 50 à 250 mg par litre.
Pour pallier à cet inconvénient, on aménage en aval une lagune de finition permettant de réduire les valeurs de M.E.S. et surtout permettant une activation de la concentration bactérienne dont l'efficacité dépend essentiellement du temps de séjour et de l'absence de passages préférentiels dans la lagune. On parvient à obtenir des taux d'abattement remarquables pour l'élimination de la DBO5, de l'azote, du phosphore et des germes de l'ordre de 99 %.
L'exploitation des lagunes impose au préalable une étude sur l'étanchéité de la retenue et des digues ainsi que le curage systématique des lagunes et l'évacuation des boues.
Les boues activées et à alternance de phase sont les procédés utilisés pour les unités les importantes de 6 000 à 18 000 E.H. C'est un procédé plus rapide permettant de traiter des charges polluantes plus importantes tout en réduisant considérablement le temps d'épuration.
Les phases d'épuration et les traitements successifs propres à ce type de S.T.E.P ont été évoqués. La description des ouvrages sera développée par la suite.
Projets en cours.
Aujourd'hui, l'effort entrepris pour assainir le bassin de l'Escaut se poursuit. Aux stations de Froidmont (3000 E.H.) Taintignies (500 E.H.) aujourd'hui en service viendra s'ajouter prochainement Tournai - Froyennes (50 000 E.H. extensible à 72 000 E.H.).
La station de Tournai - Froyennes est à ce jour le projet le plus important de l'intercommunale IPALLE. Il concerne la population de Tournai centre, Kain, Froyennes, Orcq et dans le futur, Ramegnies-Chin. La mise en service est prévue fin 1998.
L'installation comprend un ouvrage de relevage des eaux usées équipé de 5 vis d'Archimède déversant dans deux chenaux équipés d'un dégrilleur automatique de 6 mm d'écartement se poursuivant en deux chenaux aérés pour l'élimination des sables et des graisses. Un classeur à sable et un bassin d'orage viennent compléter les ouvrages permettant les prétraitements.
Deux réacteurs biologiques circulaires en deux compartiments assurent l'élimination de la pollution carbonée ainsi que le traitement de l'azote et du phosphore par voie biologique complété de façon physico-chimique par ajout de chlorure de fer. La capacité de la station pourrait être portée à 72 000 E.H. par la construction d'un troisième réacteur.
Deux décanteurs assurent enfin la fonction de clarification et sont suivis d'un ouvrage de rejet avec mesure de débit. Parallèlement un ouvrage de recirculation et de traitement des boues par centrifugeuse complète l'installation.
L'implantation de Taintignies, de par sa vocation rurale procède par aération prolongée. Pour Froidmont, il s'agit d'un système d'épuration du type aération prolongée pour assurer l'élimination de la pollution carbonée. Le traitement biologique est effectué " en cuvée ", c'est à dire qu'un seul bassin assure alternativement les fonctions d'aération et de décantation. L'aération, plus longue, consiste en l'apport d'oxygène par l'intermédiaire de quatre aérateurs de surface favorisant le développement des micro-organismes et l'élimination de la pollution carbonée.
La clarification est provoquée par l'arrêt des aérateurs. La boue formée par les micro-organismes décante alors dans le fond du bassin, les eaux épurées étant présentes dans la partie supérieure. Les eaux clarifiées sont évacuées par lame déversante. Le traitement des boues en excès est réalisé sur lit de séchage.
Mais avant de traiter les eaux usées, il est primordial de les collecter de manière efficace, c'est ainsi que l'Intercommunale s'occupe activement de la mise en place de collecteurs performants avant la construction des stations.
Les prévisions.
Le programme IPALLE est ambitieux. Il va au delà des contraintes fixées par la directive européenne du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux résiduaires et s'intègre dans la politique volontariste de la Région Wallonne.
En établissant son programme, celle-ci s'impose de tenir compte notamment :
Le programme ainsi établi reprend tous les ouvrages de plus de 15.000 E.H devant être réalisés conformément aux directives européennes. A celui-ci viendront s'ajouter des investissements relatifs à la petite épuration rurale afin de résoudre des problèmes localisés de pollution. Il est à remarquer que les STEP supérieures à 10.000 E.H. compteront nécessairement le traitement tertiaire.
Sont ainsi prévus au décret, les travaux de réduction de la pollution des eaux de surface au niveau des bassins de l'Escaut, de la Dendre, de la Lys , de la Verne, pour un montant estimé à 2.710.000.000 F.
Pour le bassin de l'Escaut, les travaux envisagés suivent deux axes principaux : les collecteurs et les STEP. Ils visent les régions de Mouscron : collecteur et la Petit Espierres et station d'épuration (100.000 E.H.) ; de Pecq : collecteur du Pas-à-Wasmes et station d'épuration (18 000 E.H.) ; de Frasnes-lez -Anvaing : collecteur et station d'épuration de la Rhosnes (15 000 E.H.); de Dottignies : collecteur du Pont Bleu et station d'épuration (18 000 E.H.) ; d'Antoing : collecteur et station d'épuration (5 000 E.H.) ; d'Estaimpuis : collecteur de l'Espierres et station d'épuration (5 500 E.H.).
pour le bassin de la Dendre en aval d'Ath : Lessines et les collecteurs ; en amont d'Ath : Chièvres collecteur et station d'épuration (9.000 E.H.).
Pour le bassin de la Lys : Comines collecteur et station d'épuration (21.500 E.H.).
Pour le bassin de la Verne de Basècles se prolongeant par le bassin de la Verne de Bury pour se jeter dans l'Escaut sur le territoire français, on retrouve le même soucis. En amont avec les travaux de collecte et d'épuration (3.800 E.H.) de Basècles ; en aval avec la station d'épuration de Péruwelz (14.000 E.H.).